27 novembre 2008

"Tu...vous...tu...euh...on prend un café?"

Alors voilà. C'est aujourd'hui que je m'y prends (certes un peu tard) pour demander ma dérogation d'inscription en 4e année de thèse. Non, suivez un peu. La deuxième thèse, celle qui me permettra bientôt d'écrire un ouvrage qui me rendra riche et célèbre: La thèse sans peine et sans douleur, ouvrage qui se terminera sans doute par un chapitre plein d'espoir pour des milliers de thésards à la dérive: Sans thèse et sans reproche. Oui, les mots clefs les plus tapés dans Google en ce moment, comme depuis 3 ans, ce sont toujours "thèse déprime", juste après "Nathalie Tauziat Dessous Chic" (vous êtes de grands malades).
Bref, me voilà repartie dans une thèse sans pression, où on dit "tu" à son directeur de thèse sans se demander si c'est normal ou pas, notamment parce que vous partagez la même boulangerie depuis 10 ans, ou que vous avez failli coucher avec lui sur un malentendu ou qu'il a failli coucher avec votre mère ou votre père (rayez la mention inutile, ce genre de proximité quoi) et où on peut même se permettre de lui dire que son manteau long, en chichemoute mercerisé noir à rayures blanches, ça fait vraiment trop maquereau ("dis donc, ça fait un peu souteneur ton manteau, là...?", pour un directeur de thèse, avouez que cette image est tout à fait cocace).
Mais attention ! Je ne vous encourage à faire de l'esprit sur le dos de votre directeur de thèse que si vous avez déjà un travail stable par ailleurs. Méfiez-vous des bises claquées rapidement dans les couloirs et du faux-tutoiement que vous arborez fièrement devant vos camarades jaloux de tant de complicité avec le maître. Cela n'empêchera souvent en rien que la parole de ce dernier vous impose, d'autorité, le choix de la police de caractère de tous vos documents Word, la résolution de l'écran de votre ordinateur, le programme du soir à la télé (de toute façon, vous ne regardez plus la télé qu'en pensant à votre thèse, alors...), la présence de sa fille ou de son fils (ah oui tiens, vous sortiez avec et vous ne vous en êtiez même pas rendu compte...), et, dans de plus rares cas, la couleur de vos sous-vêtements. Avant d'en arriver à cette dernière extrémité, je vous conseille de repasser immédiatement au vouvoiement.

02 novembre 2008

Imagined picard communities

Ce soir, alors qu'en fond de bruit, BHL parle de son dernier livre de correspondance avec Houellebecq chez Ruquier (c'est triste!), alors que Doudou va se coucher, fourbu après avoir rendu son premier jet à son directeur de thèse (c'est triste!), je me sens d'humeur nostalgique (c'est triste!). Je me suis surprise à bien rire à quelques unes des réflexions des membres d'une confrerie d'anciens d'une ville de province. Oui, je viens de province (c'est triste!). Des régions. Des nobles régions de la basse mais néanmoins riante Picardie, où nous, nous savons qu'avec de la betterave, on peut faire du sucre (prononcer chuc'). Ma Picardie natale, abandonnée à 18 ans pour "monter (ou plutôt descendre) à Paris". Une ville de Province, dont les habitants et les natifs vous diront qu'elle a failli avoir une piscine olympique homologuée, mais qu'il y manquait 3 cm, l'épaisseur du carrelage une fois finie (c'est triste!). C'est assez incroyable le plaisir assez innocent qu'on peut ressentir à la lecture de ces quelques souvenirs d'anciens. "Tu sais que tu viens de ... quand...
- tu sais que Popeye est le surnom du clodo exhib' qui agresse les filles dans la rue Carnot!";
- que le Bois Brulet n'est pas une forêt qui a brulé et que la Grenouillière n'est pas une marre aux grenouilles ni un 'Babygros' ";
- qu'à la place du jeu de Paume, on se garait gratos, même en semaine...";
- quand tu donnes toujours rendez-vous à LA fontaine";
- que tu détestes la mascotte Polatouche";
- quand tu as fait du sport sur la piste d'athlétisme construite sur le toit du supermarché, en respirant toute la matinée des odeurs de pains au chocolat"
- quand tu sais que les plans de ton lycée ont été échangés avec ceux d'un lycée de Madagascar, ce qui explique qu'il y fait très froid l'hiver";
- quand tu sais que ce n'est pas l'usine Spontex qui est responsable de l'odeur pestilentielle qui y règne, mais l'usine Viskase, spécialisée dans la fabrication de peau de saucisson (rien à voir)";
- quand tu as déjà été voir un match au Stade Pierre Brisson";
- quand tu sais qui étaient Jeanne Hachette et les bellovaques";
- quand tu as de vieux numéros de Jour de France qui trainent encore chez toi ou tes parents (le Paris-Match picard. Mon préféré, c'est celui en photo, juste après celui avec Giscard en couv', en 1974)";
- quand tu es fier(e) de dire que des intellectuels comme Jean Racine, Felix Faure et Stone (de Stone & Charden) ont été élèves dans la même ville que toi";
- quand tu aurais presque pu appréciser l'humour de Jean Roucas s'il avait été de cette même ville";
- quand tu es fier(e) de dire que c'est la ville qui abrite le coeur gothique le plus haut du monde (après les Tours jumelles)";
- quand tu peux parler des supermarchés RN1, Nord et Sud (alors que maintenant, c'est Intermarché et c'est triste)";
- "quand tu milites pour qu'à Paris, Lyon, Toulouse aussi, il y ait aussi une rue du Pressoir Coquet";
- "quand tu sais que l'Argentine, c'est le nom d'un quartier, et pas du tout d'un pays";
- "quand tu sais qu'avant Mai-livre, il y avait un autre unique magasin de livre vieillot, avec un comptoir en bois et des employés en blouse bleues" (ça, ça veut aussi dire que tu as plus de 32 ans).
Au final, il me semble que je sais que je ne suis pas parisienne (et ça, contrairement à Marie-Paule Belle, ça ne me gêne pas). Et j'ai honte par contre, parce que je crois que c'est comme ça qu'on a commencé à nous faire croire que les nations existaient. Je me trouve conne de presque tomber dans le piège.

25 octobre 2008

Le docteur vous répond (sur les bords)

Bon, plein de choses me viennent à l'esprit maintenant. C'est terrible comme on a envie de reprendre le blog lorsqu'on est dans la thèse par l'intermédiaire de doudou-qui-a-un-peu-grossi-ah-tiens-c'est-curieux-ça. C'est terrible ce truc de thèse par procuration. Pour un peu, j'en serais presque à mettre des vieux bouts de pain sur mon balcon, pour attirer les moineaux, les pigeons. Mais j'ai aussi décidé d'être utile et solidaire dans l'effort et de grossir un peu également, en mêle temps que je demandais de mon côté ma dérogation pour ma 4e année de thèse-sans-stress (la 2e), que mon directeur a signée hier.


Et c'est pas pour vous mettre la pression hein, mais pour les gens qui doivent soutenir bientôt, avant mi-décembre, on est en plein rush là. D'ailleurs, ça se voit aux mots-clefs tapés dans Google et qui redirigent les âmes errantes jusqu'ici. Je reprends cet exercice que j'aime beaucoup, toujours réalisé sans trucage (je prends les requêtes des moteurs de recherche des 5 dernières pages de statistique de ce blog):

- "speach soutenance" (un angliciste sûrement...)

- "directeur refusant de signer 4e année de thèse" (juste une idée, comme ça...êtes-vous sûr que c'est bien dans Google que vous allez trouver la solution à votre problème? En même temps, je ne veux narguer personne, mais je n'ai jamais eu ce problème. Non, à part de la famille italienne à l'université de Palerme, ou des amis qui travaillent à l'AERES, je ne vois pas ce qui pourrait débloquer la situation... )

- "faire deux thèses" (mais oui ! bien sûr! c'est un conseil d'amie, tout le monde vous le dira... )

- "faire prendre racine noyau d'avocat" (je suis désolée de ne pas avoir pu vous aider davantage dans ce blog. Aglaé, mon ex-plante verte-avocate a perdu pied/racine assez vite. Je ne peux que vous recommander de l'arroser. C'est primordial (il paraît!). Par contre, je suis assez preneuse de conseils pour faire prendre feuilles un ficus nain Ikea (un modèle très rare donc)... oui, parce que j'ai tellement bien la main verte que moi, les problèmes, c'est au niveau des feuilles qui ne veulent pas rester attachées aux branches...)

- "FELINDRA" (Tête de Tiiiiiiiigreuh! Ben quoi? C'est pas ça ?)

- "speach soutenance" (un autre angliciste... décidément!)

- " raisonnable de faire une thèse 50 ans" (les thèses d'Etat ont disparu voyons...!)

- "thèse 30 septembre" (ah oui tiens, moi aussi je me suis dit ça un jour, il y a 3 ans...et puis je l'ai entendu encore le 30 septembre dernier ce "j'aurais fini le 30 septembre" il me semble, et puis on est 25 octobre là; je ne veux pas vous mettre la pression hein, mais il est temps de penser à finir...)

- "ma thèse est pleine de fautes" (ne vous inquietez pas: gagnez du temps, ne faites rien. Les membres de votre jury vont se faire un plaisir (si si... un immense plaisir, je confirme) de vous les corriger une par une. Publiquement. Vous les en remercierez.. si, si, je vous assure. Vous serez bien obligé de toute façon. Ah! Notion bourgeoise de politesse et d'orthographe ! Mais dans 10 ans, vous comprendrez que c'était pour votre bien et vous ferez subir la même humiliation à vos étudiants)

- "6 mois pour rédiger thèse" (6 mois ? on peut même en faire 2 au rythme des dernières semaines normalement. Ou une thèse et une HDR, c'est selon).

- "Comment finir sa thèse en étant maman" (en accouchant de 400 pages dans la douleur? D'ailleurs, Caroline, si tu lis toujours ce blog, ton directeur de thèse a été très sympa de ne pas répéter publiquement lors de la soutenance que tu n'étais "pas trop déformée finalement" :-)... )

- "Peut-on demander d'apporter un plumier en maternelle?" (euh... j'avoue que c'est un des aspects de la réforme de l'enseignement sur lequel je ne me suis pas encore penché. Mais vous avez raison de vous en offusquer (si je comprends bien)... on commence par un plumier et vous verrez qu'un jour, on obligera les pauvres enfants à lire la lettre de Guy Moquet !)

- "J'ai eu un rapport avec une personne que je connais lors d'une soirée trop arrosée et mainte..." (et là, je n'ai pas la fin et ne sais pas pourquoi cette personne a été redirigée ici... "et maintenant, c'est mon directeur / ma directrice de thèse" peut-être?)

- "en thèse, je travaille dans le privé" (allongez-vous là.. calmez-vous, parlez-moi de votre enfance... vous êtes sûr que ce n'est pas "en privé, je travaille sur ma thèse plutôt?)

- "remerciements de thèse originaux" (originaux et dangereux ? ou juste originaux?)

- "clipart doigt d'honneur" (ah bah tiens, on y est... ou alors collez quelques logos du CNRS à l'envers sur la page de remerciements ? Ca fait CULS, c'est original, non ? voir post précédent).

- "monsieur le président soutenance" (Ca, c'est pas d'une originalité folle folle hein... Mais décidément... En fait, vous ne le saviez pas, mais il y a une date pour écrire ses remerciements. Et c'était aujourd'hui manifestement, vu que tout le monde cherche comment commencer dans Google. Bah oui, donc trop tard pour vous qui lisez ce post après le 25 octobre. A moins que vous n'envoyiez ce post à 20 personnes en leur disant que vous les aimez qu'il faut qu'il vous réponde qu'ils vous aiment aussi et qu'ils lisent chacun 3 chapitres de votre thèse pour corriger les fautes, sinon ce ne sont pas des amis et la honte s'abattra lors de la soutenance sur votre famille jusqu'à la 10e génération. Et attention, ne brise jamais la chaîne sinon tu ne trouveras jamais l'amour. Déjà que tu es en thèse et que c'est mal parti...)

- "un médecin vous répond" (ici, c'est plutôt "un docteur vous répond (mais pas trop tôt le matin, merci)", et on ne traite que les cas graves de déprime pré ou post-soutenance...)

- "frizzi pazzi" (oh oui ! moi aussi j'adorais ça !!! ça pétillait dans la bouche ! ça et la boule magique; ça me manque beaucoup. Par contre, j'ai gardé toute ma collection de Fantastickers).

- "thèse déprime" (oui, normal...vous reprendrez bien encore un peu de vin en écoutant des chansons tristes ?)

- "mon chien l'a mangée" (la thèse? c'est un gros chien alors ! J'ai peur que cela ne marche pas comme excuse pour une dérogation...ou la problématique peut-être... c'est marrant ça "mon chien a mangé ma problématique...").

- "faire résumé thèse histoire" (euh... décidément, on n'a pas tous les mêmes difficultés il faut croire...pourquoi pas "faire fiche lecture thèse histoire" pendant que vous y êtes!)

Et ma préférée...sans commentaire tellement c'est frais et mignon (à cet âge):

- "Loi contre interro-surprise"

02 octobre 2008

Logotomie

Dialogue de créatifs.
- Dis, on va leur refourguer quoi aux chercheurs comme logo ? Il faut un truc qui fasse moderne baroque, rouge et vert anis, genre Valérie Damidot tu vois...
- Ouais, mais p'tête un truc plus simple , qui marche pour les maths, la physique et la philo aussi... enfin les maths et la physique surtout. Moi je me souviens d'un cours de math, avec des gros ensembles, genre mobiles de Calder, C est dans N, mais pas dans R, donc où est S ? Un truc avec des grosses patates quoi.
- Ah ouais, une grosse patate quoi. Ouais. On commence par là. Bon... une fois qu'on a la patate on met les lettres dedans, non ? Le C, le N, le R, et le S. Ah tiens, N et S, ça fait Nicolas Sarkozy. C'est marrant ça...
- Ah ouais tiens, je suis sûr qu'ils l'avaient pas vu les chercheurs, ces cons. Tiens, on va les mettre en bleu ciel les initiales, couleur UMP... au cas où ils n'auraient pas compris d'où ça vient leur réforme...
- Et le C et le R en blanc ? Genre la recherche en blouse blanche quoi, ou alors blanche comme un nuage, le chercheur, c'est le mec [sic] qui est souvent dans les nuages, non ?
- Ouais ! Les nuages, très bon ça coco! T'es un vrai poète! On devrait p'tete faire genre Air France, l'avion qui dépasse les frontières, dans les nuages, genre "les frontières c'est naze", tout ça. Ca va leur plaire, c'est des gauchistes ces gens-là, d'façon.
- Ouais, laisse tomber Air France, Nivea c'est mieux comme charte graphique, ils ont un centre de recherche super. On leur a refourgué un logo patate naze bleu layette il y a un an, c'est très bien passé...
- OK, bleu layette et blanc donc. Bon et où on colle la phrase choc ? Il faut un truc genre "le pays où la vie est moins chère", un truc qu'on identifie tout de suite.
- Ben "les frontières tuent" ? façon paquet de clopes ?
- Nan, c'est naze, ils resortent ça à chaque manif'. Faisons plus simple: "dépasser les frontières". De toute façon, ça sera trop petit sur les logo, personne pourra lire, on peut bien écrire n'importe quoi.
- Ah bah tant qu'à faire mettons une grosse connerie alors? Ou genre un gros doigt? Tu te souviens, le logo de la ville de Liège, "une ville, un esprit" ? Ces cons n'ont même pas vu qu'on avait refilé un doigt d'honneur en logo... ah, on s'était bien marré avec Robert.
- Bon bah foutons la devise dans le "n" alors, façon tube à essai renversé. Les chercheurs, ils iront pas chercher plus loin d'façon, ils verront que le tube à essai. C'est la recherche ça, la blouse blanche, la patate et le tube à essai. Et puis nous, ça nous fera marrer dans 10 ans quand on dira qu'en fait, le CNRS s'est fait entuber profond avec son logo, comme l'Arc avec Crosemarie...
- T'as pas peur un peu que ça fasse pas très ouvert tout de même ce truc qui vient buter contre la lettre, et la patate enfermée dans une autre patate ?
- Mais non, laisse tomber, on a fait le même en 5 mn pour les fauteuils Stressless, ils ont dit que ça plaisait aux vieux.
- Ah ouais, t'as sûrement raison alors. Parce que sinon, j'avais une autre idée pour déconner, en partant de la forme d'un comprimé de Viagra, et...
- Arrête, tu déconnes là, faut rester sérieux, c'est la recherche quand-même...

30 juillet 2008

Sous les pavés, le blog

On ne s'y attend pas et *paf*, en plein mois d'août, le blog vous reprend comme une envie de plage. Comme des milliers de français dont le pouvoir d'achat a baissé, nous aussi, avec Doudou, on ne peut pas se payer des vacances à la neige. Du coup, on reste à Paris-Plage avec notre vélib' et notre bouteille de rosé tièdie, et du coup, Doudou travaille à sa thèse. En fait, en étant déjà passé par là, on se rend compte que la thèse ne protège pas du tout de la baisse du pouvoir d'achat. ("la hausse du pouvoir d'achat, elle ne passera pas par moi!", dit souvent à juste titre le thésard.
La formule est la suivante:
RDB (revenus disponible brut) - dépenses contraintes = pouvoir d'achat
Selon Jean-Pierre Pernault et les établissements Leclerc, qui nous expliquent tout bien, si l'évolution du RDB est supérieure à l'évolution du prix des dépenses contraintes, alors le pouvoir d'achat augmente. Ou pas. Or, il faut bien avouer que le thésard voit ses dépenses contraintes augmenter de façon exponentielle à mesure qu'il essaye de terminer sa thèse. Notamment en livres (achetés et lus dans les trois dernières semaines, avec une frénésie qui confine parfois à l'achat compulsif), nourriture (fringales diurnes et nocturnes) et autres auto-médications caféinées non remboursées par la déesse Sécu. En plus, comme de fait exprès, les thésards qui se mettent à rédiger pendant l'été pour pouvoir soutenir avant la date fatidique du couperet CNU (cette année, le 10 décembre 2008), se retrouvent confrontés à la difficile période des soldes chez Zadig & Voltaire. Avouez que c'est pas de bol.
Parmi les nombreux biais de ces calculs très savants, je voudrais m'élever contre celui qui concerne le calcul du taux de dépendance en fonction du niveau d'étude, et proposer de militer pour la reconnaissance du thésard comme personne à charge. Et puis aussi proposer que le thésard soit reconnu comme groupe vulnérable. Pour peu que le thésard soit aussi migrant, femme, jeune ou trop âgé, et handicapé, je pense là qu'il y a vraiment de quoi alimenter les statistiques de la commission européenne sur l'évaluation de l'effritement de la cohésion sociale.
Heureusement, pour aider Doudou à devenir autonome, je me propose de lui reverser une bonne partie de mes royalties sur mon futur best-seller. Un livre de plage qui va se vendre comme des petits pains et qui va faire de nous un jeune couple riche: La note de bas de page expliquée à mon père. Pour une approche ludique du dialogue intergénérationnel.

28 avril 2008

Interro surprise !

Et voilà, sitôt la reprise de ce blog annoncée, je déserte déjà. Et oui, j'ai l'art de me mettre les fers aux pieds. Je m'oblige moi-même. Mais au fond, qui suis-je sinon votre écho, votre conscience, votre Super Nanny, ou encore Pascal, votre grand-frère. Je vous donne bonne conscience lorsque vous allez faire vos 100 parties quotidiennes de Gromo, superpoker tous vos amis sur facebook plutôt que d'écrire votre prochain article, mettre à jour votre CV, ou répondre aux e-mails restés en souffrance depuis un mois dans votre boîte email qui n'en peut plus, elle aussi, à la fin. D'ailleurs, elle n'est pas la seule: vous perdez toute crédibilité auprès de vos amis, votre famille vous renie, et vous perdrez bientôt votre copain, votre copine qui part avec le chat parce qu'il/elle ne veut plus arpenter Paris à velib' seuls le dimanche pendant que vous faites semblant de travailler.
Alors, pour vous rassurer, vous continuez. Vous vous dites "ah! il y a pire que moi! Elle non plus ne va jamais rentrer dans les nouveaux critères de la recherche française de qualité (certifiée norme NF, n'oubliez pas le petit logo, là) et elle aussi sera obligée de continuer à partager des chambres d'hotel à 2 intervenants pour pouvoir aller parler à des colloques sans en être de sa poche". Je vous répondrais donc de façon très malhonnête que tout le malheur des thésards procrastineurs vient en fait du moment très précis où l'un d'entre eux a commencé à ouvrir le premier blog. Et là, vous conviendrez aisément que je n'y suis pour rien. Et puis, Jean-Jacques et ses considérations jalouses sur la culpabilité originelle du premier homme qui s'accapare un bout de friche m'habitent, alors qu'hier, c'était plutôt Nikos Aliagas et la philosophie hellénistique et qu'avant-hier, je ne sais plus très bien ce qui m'habitait mais encore un truc très bobo de toute façon.
D'où, in fine, la grande question existentielle du soir - amis du soir, bonsoir - Ouvrir un blog est-il un droit naturel ? Vous avez 2h15 et n'avez droit à aucun document.

11 avril 2008

Doit-on vendre "Guy" ?

Le moment est grave. Il s'agit de savoir si toi, lecteur assidu , tu penses qu'il faut que je finance un prochain grand colloque par des chemins plus originaux que la désormais classique demande de subvention à la fac (le fameux BQR: Bonus Qualité Recherche... notre label Promotelec à nous) ou l'appel aux fondations privées. Je tiens à signaler que nous sommes, nous chercheurs, poussés à cette extrémité par l'extrême difficulté que nous avons à trouver des subsides pour payer des nuits de Formules 1 aux intervenants étrangers qui viennent nous faire l'aumône de parler dans nos colloques et qui ont la gentillesse de ne pas trop nous accabler lorsqu'on les pousse, à 8h30 du matin, dans la rame bondée du métro, ligne 13, parce qu'on n'a pas non plus d'argent pour leur payer le taxi...
Si tu penses qu'un financement de la recherche peut se faire par des voies plus marginales, peu explorées jusqu'à présent (même pas par Valérie Pécresse) par le fait de répondre positiviement à la demande de publication de "Guy" - le nom de ce journal-, tape 1 dans le commentaire de ce billet. Tu peux y ajouter des messages personnels d'encouragement à destination de l'éditeur, et des messages d'insulte à l'endroit de notre chère Ministre.
Si tu penses qu'il est vain de faire un usage commercial et mercantile d'écritures sans intérêt, ferme ton Explorateur Windows ou ton Firefox et ne remets plus jamais les pieds ici. Social-traître!
Si donc, tu as un avis à exprimer sur la question et si tu n'as pas peur des sondages (ça ne fait pas mal), tu peux le faire par l'intermédiaire de l'embryon de démocratie participative qui se trouve sous ce billet. Ami citoyen, aux urnes!

09 avril 2008

Martine essaye encore d'écrire un article

C'est l'histoire de Martine qui écrit un projet d'ouvrage pour une grande maison d'édition bien trop sérieuse pour ses petites couettes. Et puis, alors qu'elle avait sa première phrase dans le stylo, elle se demande si, dans les paquets de 500g de M&M's cacahuètes, il n'y aurait pas des fois de nouvelles couleurs (orange). Ça lui passe dans la tête, à ce moment là. C'est comme ça. Et là, bien-sûr, elle a oublié sa première phrase et toutes les autres qui suivaient, et elle ferait bien le ménage aussi et elle changerait bien les joints de la salle de bain. Et hop, les bourgeois à la lanterne et le stylo au plumier ! Parce que c'est urgent et qu'elle sent que vraiment, il n'est pas bon pour la santé de travailler dans une telle poussière. Et il faut bien dire que la toile de verre au plafond, ça serait tout de même mieux que la grosse fissure qui continue à pousser et pour harmoniser le tout avec le beau mur rouge-révolution qu'elle a fait fleurir dans le salon il y a peu comme signe de son opposition à la loi Pécresse. Bon. C'est fou ce que les idées me viennent quand je dois écrire. C'est décidé, je file chez Merlin Merlin pour acheter deux rouleaux, de la colle (en super promo pas chère!) et aussi de la peinture blanche, parce que les murs et les portes sont vraiment trop dégueulasses. Je sens que c'est le moment, ne me demandez pas pourquoi. Quand ça vient, il est inutile de vouloir résister à l'esprit de Valérie Damidot.
ps. Toi aussi, découpe cette couverture de Martine selon les pointillés et colle là sur tes cahiers, sur ton cartable, sur tes dossiers de candidature aux postes de Maître de conférences. Sur demande, modèle également disponible avec la Revue Française de Science Politique.

01 avril 2008

"Y'a encore quéqu'un?"

Vous savez quoi ? Je pense que ce blog me manque et que si j'étais un lecteur assidu, je supplierais son auteur de reprendre un peu du service, parce que là, quand on ne sait pas trop quoi faire à part écouter "ma radio rose" (toujours au fond du couloir, là, à droite), on n'a plus rien pour procrastiner et s'agiter le stylo et c'est bien dommage. Et écrire des choses idiotes qui font rire les copains quand ils ont des choses à écrire aussi, ça fait parfois du bien. Même si c'est des collègues d'ailleurs.
Alors puisque vous ne me le demandez pas, je le fais. Bande d'ingrats. Après tout ce que j'ai fait pour vous !

Et je réouvre ce blog. Oui, je fais ma Sheila (Jospin avec des couettes, pour les plus jeunes d'entre nous qui ne l'ont pas connue). Je reviens après avoir dit "au revoir". Ben oui, de toute façon, je suis toujours étudiante en thèse. Il ne faut pas le dire. C'est un grand secret qui me sert surtout à avoir des tarifs réduits au cinéma et à payer moitié prix à la BNF. Je te mets dans la confidence parce que tu as adhéré au fan-club et que tu as droit à des info inédites et à une lettre parfumée personnalisée à tes couleurs (rose) pour ton anniversaire. Une confidence qui me protègera probablement tout aussi longtemps que celle auparavant liée à mon identité professionnelle (bah quoi ? ça a bien duré 1 semaine quand-même).

Bon donc me revoilà avec une thèse. Plus la même, une autre, une "pour de rire". Tout de même, c'est la première fois qu'on voit ça: une bloggeuse qui reprend une thèse juste pour le plaisir de pouvoir continuer d'écrire aussi sur son blog sans devoir en changer le titre.
Alors bien sûr et comme avant, ce blog n'aura pas grand chose à voir avec la thèse, sauf des fois. C'est surtout une psychanalyse gratuite (pour moi mais aussi pour vous, qui ne manquez pas une occasion de vous amusez du malheur des autres!). Une psychanalyse, mais en plus rigolo. Quoi que vous m'objecterez probablement qu'on peut très bien passer une soirée désopilante entre amis, en relisant tout Jung ou tout Groddek et en se demandant si ce dernier a oui ou non assuré le maintient du Ça de manière plus ferme que Freud. (Et non, ce n'est pas le sujet de ma nouvelle thèse, pourquoi?)
Mais, vous l'aurez compris. On se soigne comme on peut, surtout qu'en matière de procrastination et d'amusement, j'avais essayé un médicament de substitution, facebook, qui ne m'a récemment pas trop bien réussi il faut dire. Du coup, j'en reviens aux fondamentaux. "Rien ne vaut les fondamentaux", comme le dit le grand philosophe Bernard Laporte.