30 juin 2006

L'école est finie !

C'est la fin de l'année. Et comme à chaque fin d'année, on corrige des copies, on rend les notes, on dit aux étudiants qu'on a été très contente de les avoir, qu'on ne les oubliera jamais et on espère qu'ils vous feront de petits avions en papier avec un petit mot dessus, qu'ils laisseront s'envoler de la fenêtre de la classe, avant que de mettre le feu à l'université, par dépit. Bon, ça n'arrive jamais bien-sûr et c'est bien triste. Mais parfois, il y en a un ou deux qui vous regardent avec de grands yeux humides, qui semblent presque vous dire "au revoir monsieur le professeur" (oui, "Adieu, Monsieur le Professeur", comme dans la chanson de Hugues Auffray, alors que dans la vraie vie, c'est "Salut, vous êtes la secrétaire?", si vous êtes une femme). Bon, en fait, c'est surtout que les deux étudiants qui pleuraient presque avaient été pris en train de recopier tout Wikipedia en lieu et place du commentaire de texte personnel à faire à la maison... En plus, Wikipedia! en L2!... alors qu'on enseigne aux élèves à l'utiliser dès la 6e, c'est dire si ça valait 00/20. Et puis, je suis rassurée pour les avions en papier et les petits mots, que nous avons utilement remplacés par les fiches d'évaluation des enseignements et, où à la question "Quels sont les points forts de votre enseignant?" nous obtenons un nombre impressionant de "Elle a un physique agréable / Elle est bonne !". Merci les enfants, je suis très touchée.
Brif, bref, c'est la fin de l'année, et je ne sais pas vous, mais moi ça me donne l'envie de faire un spectacle de fin d'année, comme au retour de ma classe de neige de CM2 où je m'étais essayée pour la première fois aux rôles de composition (un arbre muet dans une pièce de Marcel Aymé, c'est dire si j'avais brillé).
Lors de mon exil américain, pendant ma thèse, j'avais trouvé qu'un spectacle de début d'année dans un département de science politique, où les étudiants imitaient et se moquaient de leurs professeurs, avaient été une très bonne idée. Les professeurs y assistaient et riaient beaucoup. Au début. Et puis après je me suis dit que c'était finalement risqué au début de l'année, surtout pour les étudiants.
Quoi qu'il en soit, j'ai toujours rêvé de faire un grand spectacle de fin d'année, avec profs et élèves, où les uns se moqueraient des autres et parfois de soi, et où on finirait tous par chanter des chansons contre la guerre et la faim dans le monde, sur la musique de Champs-Elysées. J'avais cette idée depuis longtemps, lorsqu'hier, à la faveur d'un concert où l'une des maîtres[ses] de conf' de notre département jouait, ma voisine de droite, du même département, m'avoua avoir eu une idée similaire. Tous les jours, sur le périphérique, en voiture et en chemin vers la fac, elle imaginait le spectacle de fin d'année du département. Imaginez le choc ! Quelqu'un qui pense la même chose improbable que vous depuis des années. Je ne sais si on avoue ces choses là à la faveur de quelques bières, mais je ne l'aurais jamais dit moi-même.
Car j'avais aussi imaginé la scène depuis longtemps. La moitié du département, les plus de 60 ans, entonnerait des chants de la Guerre civile espagnole et le Temps des Cerises. On aurait bien-sûr refusé que les profs de droit se joignent à nous et nous jouent de petits sketchs de Thierry Le Luron ("Vous saviez que Jacques Chaban-Delmas était champion de France vétéran en tennis?" *rires* ) ou des scenettes tirées de La Cage aux Folles. Les faux jeunes fredonneraient du Michel Delpech (Wight is Wight) et du Alan Stivell, Monsieur-Belles-Fesses montrerait ses fesses (fantasme personnel, désolée), et les vrais jeunes hurleraient des chansons des années 80, des génériques de dessins animés et des chansons sexistes, parce que la nostalgie ça va bien un moment et que, oui, tout se perd ma bonne dame.
Ceci étant dit, on pourrait même faire payer l'entrée, récupérer l'argent et renflouer notre M2 recherche qui, comme tous les M2, n'est plus financé par le ministère. Ca serait génial -mais si!- on passerait chez Ardisson, habillées en vamps, et on finirait par faire des strip-teases sur du Donna Summer, comme dans The Full Monty, pour financer un nouveau M2 professionnel, payer des vacataires et rembourser les frais de colloque ! J'ose même imaginer qu'un jour, les enseignants du département de plus de 50 ans soient obligés d'apprendre à danser un pogo ou un ska...(c'est normal, les enseignantes du département comprennent déjà en grande majorité la règle du hors-jeu). Enfin, pour finir ce post un peu long, dear friends of my blog, dear colleagues, permettez-moi de citer une grande philosophe-à-couettes:
Quand on se voit, on se tutoie gentiment
Di doua di di doua di dam di di dou
On est sincère, on chante et on danse tout le temps
Di doua di di doua di dam di di dou
Vous les copains, je n'vous oublierai jamais
Di doua di di doua di dam di di dou