29 août 2006

Le Docteur Ruth vous répond

Comme j'ai remarqué que peu d'entre vous venaient s'échouer ici de leur plein gré, mais que vous étiez plutôt du genre à taper des bêtises dans Google, j'ai décidé de répondre à quelques questions trouvées dans les mots-clefs des visiteurs de ce blog.
Après tout, je dois bien ceci à mes lecteurs car il faut bien l'avouer, ce blog manquait d'un courrier des lecteurs sérieux. (attention, bientôt également un horoscope et un grand jeu de l'été en cahier centrale - à découper selon les pointillés, sous la surveillance des parents).
* Monsieur Robert, du Canada qui tape dans Google: "note en bas de plage trop longue word"
Certes, Robert, vos notes de bas de plage sont trop longues et vous vous faites injustement réprimander. Essayez donc de les faire sur les plages de la Croisette, beaucoup plus minces que les plages des côtes du Labrador. Votre directeur n'y trouvera alors plus rien à redire.
* Madame Micheline, de Malakoff, demande à Google si il est possible de faire un "postdoc avec enfants". Bien sûr Micheline! Vous pouvez tout à fait faire travailler de jeunes enfants dans le cadre d'un post-doc. N'oubliez pas alors de peu les nourir, de les faire travailler à plein temps pour un salaire de misère, mais toujours dans un endroit aéré. Car après tout, il est tout de même beaucoup plus gratifiant pour un jeune enfant de faire de la recherche que de piquer des jeans dans un sous-sol sans fenêtre!
*Un ami polonais de Varsovie demande à Google: "passer mon these". Wladislav, Vous n'êtes pas prêt. Pourquoi ne pas penser à un C.A.P. plomberie? Vous toucheriez trois fois le salaire d'un allocataire sans vous embêter à faire des études longues et ennuyeuses pour vous et votre entourage.
* Un jeune puceau de banlieue parisienne, récemment éconduit se demande quels sont les "lieux de drague sur Créteil Soleil". Tu l'auras compris, jeune jouvenceau, la réponse est "l'université". C'est d'ailleurs ce qui incite la majorité des chercheurs à poursuivre leurs études.
* Un étudiant déséspéré, se connectant de l'Ecole des mines de St-Etienne demande à la déesse Google comment "devenir prof après une thèse". Je crois que Google vous a justement renseigné. Comme vous pouvez vous en rendre compte à la lecture de ce blog: c'est une très mauvaise idée. Devenez plutôt ingénieur-réseau chez Club Internet.
* Un lecteur parisien a tapé enfin dans Google: "ater "code de la route"". Cher ami, si vous pensez que le fait d'être Ater vous autorise à enfreindre les limitations de vitesse, vous vous fourez le doigt dans le nez jusqu'à l'omoplate. J'ai essayé, ça fait très mal (L'amende! Pas le doigt dans le nez, vous alors! Vous êtes taquins, hein !)
* Enfin, aux multiples sollicitations concernant les avocats et la thèse, je suppose qu'il n'y a aucun rapport entre cette requête d'un habitant de Clichy: "être avocat et faire une thèse" et celle ci, d'un habitant de Bobigny, posée 2 minutes plus tard: "faire pousser un avocat". Par habitude probablement, Google renverra à ce même blog. Je vous donne donc la réponse ici: pour faire pousser une bonne thèse d'avocat, il faut un peu de soleil (un bureau près d'une fenêtre fera l'affaire), beaucoup parler (les thèses adorent, paraît-il), un terreau fertile, et beaucoup d'attention. Enfin, et avant tout, il faut aussi un bon tuteur! Car sinon, la thèse pousse de travers et c'est ridicule.
* Enfin, à cet ami canadien qui tape dans Google "l'herpès pas la fin", je souhaite bon courage. L'herpès, c'est comme les verrues plantaires ou la thèse, on a toujours du mal à s'en débarrasser sans un bon médecin.

26 août 2006

Mes vieux

Faut-il contrarier son directeur de thèse ? la réponse est "non", même si je n'ai pas eu besoin de le vérifier. Plus dur maintenant: faut-il contrarier l'un des deux profs "senior" qui vous engage pour un post-doc ? C'est un peu comme si vous contrariez... je ne sais pas moi... Laurence Boccolini ? Mais attention hein... celle de la "spéciale catcheurs" du Maillon Faible !
Et puis, sinon, comment lui montrer que vous lui faites la gueule sans en avoir l'air parce qu'il vous a interdit de quitter le territoire en disant que la recherche doit se faire à domicile ? C'est son petit côté Sarkozy, en plus jacobin quand-même. Je me dis que je pourrais lui faire croire que je suis devenue sourde et muette: je n'aurais plus besoin de répondre au téléphone ni de parler. Reste l'e-mail et les sms. Oui, parce qu'il envoie aussi des sms désagréables pour me dire, comme la poupée qui fait non, que "ce n'est pas bien de partir à l'étranger pour autant de temps" et que quand on est petit, on doit encore demander l'autorisation à ceux qui ont notre garde. Et je suis en garde partagée entre deux profs seniors. D'ailleurs, pendant les vacances, je suis en garde partagée aussi . Et du coup, je ne sais pas quoi faire. Partir en douce sans rien dire au risque de verser dans les vacances-chômage si je suis démasquée comme Fantomette ? Un prof senior, c'est un peu comme la pendule d'argent du salon, qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non, qui dit, "je vous attends". Mais une pendule avec un beau cul, hein! Et ça, c'est mon petit côté Lindsay Lohan.

17 août 2006

"Sur la plage abandonnée..."

Je me disais que ces vacances seraient enfin les bienvenues, après les non-vacances pourries de l'été dernier, passées les fesses sur ma petite chaise en bois, aux pieds frêles et branlants (la chaise, pas moi, bande de nazes). Mais cette année, je suis grande et j'ai passé ma thèse, je peux donc légitimement souffler. Mais finalement, à bien y regarder, on se dit qu'à part quelques jours, on n'a même pas vraiment passé de vraies vacances à faire des tests à la con dans Cosmo ("êtes-vous sexuellement compatibles avec Doudou?", "serez-vous la plus belle pour aller à la plage?") et à regarder l'Ile de la tentation en mangeant des cônes Extrême Vanille aux éclats de nougat ou aux pépites de chocolat pour oublier que la vie est vraiment moche quand arrive le temps des vacances-chômage.
Et puis, finalement, l'Ile de la tentation, dont j'ai suivi tout de même quelques épisodes (mais c'était par hasard, parce que j'avais trouvé une télé allumée sur TF1 chez le dentiste ou le coiffeur), m'a aidé à relativiser: j'aurais pu être cocue devant la France entière sur une ile paradisiaque, alors qu'au lieu de ça, je rédige en hâte un dernier article pour une revue pornographique de science politique. Bon, j'avoue, il y a toujours de bons moments, comme celui où j'ai étalé de la crème solaire en dessinant une bite géante sur le dos de mon voisin d'oreiller, mais vous avouerez que cela a bien peu à voir avec la science politique. Alors que l'Ile de la Tentation est en prise directe avec mes intérêts stratégiques du moment: chaque épisode reprend en fait au moins 30% d'images déjà diffusées dans un épisode précédent. C'est rudement finaud, ça ! Et puis, dans les 70% restant, vous avez au moins 20% où des filles répondent aux questions idiotes d'une présentatrice idiote: Après le visionage d'une cassette sur un minuscule écran où l'on voit un mec en train d'embrasser une nana puis de l'emmener dans sa chambre, la présentatrice lui demande: "Emeline, je vous ai montré des images de votre copain Harry qui embrasse une tentatrice, qui couche avec elle et qui dit qu'il ne vous aime plus. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu sur ce film ? ". Et la candidate de répondre sans s'énerver: "eh ben, euh... j'ai vu mon copain qui embrassait une tentatrice, et qui couchait avec elle,... et aussi il disait qu'il ne m'aimait plus". Merci bien, on avait vu aussi. Voilà. Et ces images seront diffusées au moins 4 fois dans l'émission, puis 3 autres fois dans les prochains épisodes.
C'est assez simple, je fais pareil: je recycle ma thèse en articles et ne propose jamais plus de 40% de contenu inédit. Et le mystère sera au rendez-vous, croyez-moi! "Notre candidate sera t-elle qualifiée à la session 2007?", "Quelles seront alors ses chances d'intégrer une université dans l'année?". Je ferai bien une saga, à la Lelouch, un Super-8 en épaulé-jeté et en proposant un montage façon sitcom ou télé-réalité, avec voix-off bien-sûr. Je ferai la couverture de TéléZ. Et enfin, on découvrira mes frasques dans Voilà, Gala ou Closer: "Elle lit Foucault en cachette sur la plage municipale!"