J'ai eu très peur. Et ça ne c'est pas bien passé du tout, comme je le craignais. Je me rappelle bien que ce membre du jury, celui qui me fait un peu plus peur que les autres, n'avait pas été sympa. Il m'avait posé un tas de questions idiotes, auxquelles je n'avais pas su répondre (car je suis très intelligente). Du haut de mon intelligence, j'en étais tout de même tombée à genoux, en pleurant devant lui qui me regardait d'un air sévère. Non, décidément, il me l'a dit, jamais je n'aurais du soutenir. Je n'étais pas prête. Mon discours était plein d'incohérences, trop peu précis, inintéressant. Et moi de continuer à le supplier à genoux: "Mais Monsieur, je vous en supplie, si je n'ai pas ma thèse, je ne peux pas avoir de post-doc, et je vais manger comment, moi, l'année prochaine!". Rien à faire. Il fut inflexible, comme une poupée qui fait non-non-non.
Et ce matin, je me réveille avec cette histoire là en tête. Je ne sais pas ce qui m'a le plus gêné dans cette soutenance, mais ce n'était pas tant le fait de l'avoir totalement manquée que d'en avoir été réduite à me mettre à genoux pour supplier la clémence d'un membre du jury. Ceci m'embêtait beaucoup. Au bout de 5 minutes à me lamenter sur ma pusillanimité, et à me demander comment j'avais pu en arriver là, je me disais soudain:
"Voyons ma fille... les autres membres du jury n'ont-ils rien dit pour ta défense ?" Mais euh... où étaient-ils au fait ? Non, il n'y avait qu'un seul membre, avec de grosses lunettes. Des lunettes énormes à triple foyer qui déformait un peu son visage, un peu comme quand on regarde par l'oeilleton de la porte quand quelqu'un sonne pour éviter d'ouvrir au postier qui vient nous vendre un calendrier avec les petits chats. Etrange ce visage. Pourtant, je le reconnais très bien ce bourreau. Et puis, pourquoi la soutenance s'était-elle passée dans le hall désert de l'université ? Ce n'est pas là qu'elle était censée avoir lieu pourtant... et puis, cette petite table minuscule sur laquelle se tenait le seul et unique membre du jury... une petite table d'école maternelle, devant laquelle je me tenais debout, face à mon examinateur assis, et devant laquelle j'avais l'air si petite pourtant... Ce n'est pas le formalisme recommandé pour une soutenance de thèse il me semble. Je me demande si il n'y a pas là matière à faire annuler la soutenance finalement.
Et d'un coup, la lumière. Voilà. Cela devait arriver. A force de dormir 15 heures par jours, j'en finis par faire des cauchemars. Et celui que j'ai fait cette nuit avait comme un vague relant de prémonition. La preuve. Ce matin, je ne savais pas si j'avais rêvé ou pas. J'étais incapable de savoir si j'avais soutenu ma thèse la veille, et si ça s'était effectivement aussi mal passé que ce qu'il me semblait avoir vécu. Je me lève (et je te bouscule, etc.) en me disant que quand-même, je n'ai eu aucune fierté d'avoir quémandé une mention même honorable ou passable au terme de cette soutenance, et que j'étais de toute façon très malheureuse. Bref, cinq minutes d'angoisses complètement irrationnelles mais d'angoisses quand-même. Cinq longues minutes pendant lesquelles j'ai réellement pensé que la veille, j'avais soutenu une thèse qui avait finalement été ajournée par un unique membre du jury, dans le hall dégueulasse de mon université.
C'est dangereux. Faisé pas de Thaize. C'est comme ça qu'on finit par se couper des oreilles.
2 commentaires:
On attend avec impatience l'analyse freudienne des menus details de ce songe revelateur des angoisses qui te rongent...
ARRETE DE DORMIR :-P
moi aussi je fais souvent ce reve etrange et pénétrant etc...moi aussi je dis haut et fort "faisé pas de thaize" et enfin je demnde toi qui va soutenir (pour de vrai cette fois ci) depuis combien de temps vis tu ce calvaire?
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